Le recours au travail de nuit est une mesure exceptionnelle que peut prendre votre employeur lorsque des impératifs de protection de santé et de sécurité sont justifiés par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique. Travailler à l’arrivée de l’été et de ses fortes chaleurs est un bon exemple, il contraint parfois certains chantiers à se dérouler de nuit pour préserver la santé des collaborateurs tout en assurant l’avancement des travaux.
Pour autant, le travail de nuit n’est pas sans conséquence sur l’employé. C’est pourquoi il est important de comprendre les effets sur la santé et les moyens de prévention à mettre en œuvre.
Qu’est-ce que le travail de nuit ?
Sauf cas particuliers, la période de travail de nuit concerne tout travail effectué entre au plus tôt 21 heures et 7 heures au plus tard. Selon la majorité des conventions collectives, le travail de nuit ne peut dépasser 8 heures.
Quand est-ce que le salarié est considéré comme travailleur de nuit ?
Pour être considéré comme un travailleur de nuit, les périodes de travails doivent être régulières :
- Deux fois par semaine, selon les horaires de travail habituel (exemple : 7 heures par jour)
- Au moins trois heures de travail de nuit quotidiennes
- Par le cumule des heures de travail en soirée et de nuit. Le seuil peut être fixé à défaut par une convention ou un accord collectif ou à défaut de 270 heures sur 12 mois.
Les mesures pour justifier et appliquer un travail de nuit sont nombreuses, complexes et définies par le code du travail. Cet article du gouvernement vous permettra de tout savoir sur le travail de nuit.
Les effets sur l’humain
Nous sommes programmés pour vivre selon un rythme dit circadien : vivre le jour et dormir la nuit. Ce rythme de vie est contrôlé par nos horloges biologiques internes permettant de réguler des phénomènes physiologiques : le sommeil, la digestion, les secrétions hormonales, etc… Et le cycle de soleil (lumière et obscurité) joue un rôle essentiel dans la synchronisation de nos horloges biologiques.
Lorsque le travail de nuit est nécessaire, les expositions irrégulières à la lumière désynchronisent l’horloge biologique interne et perturbent les rythmes biologiques essentiels. Ces dérèglements entrainent des troubles du sommeil qui eux peuvent entrainer des problèmes de santé et psychologique grave.
La santé morale du travailleur de nuit peut être mise à mal. Le travail de nuit, lorsque sa gestion est mal entreprise a bien souvent des conséquences sur la vie familiale et sociale puisqu’il limite le temps disponible pour les moments de rencontre et de partage.
Quels sont les effets du travail de nuit sur la santé ?
Le travail de nuit peut avoir des conséquences, plus ou moins graves, sur la santé du salarié.
Effets avérés | Effets probables | Effets possibles |
---|---|---|
Trouble du sommeil | Baisse des capacités de concentration et de mémoire | Augmentation des lipides dans le sang (dyslipidémie) |
Somnolence | Anxiété, dépression | Hypertension artérielle |
Syndrome métabolique | Surpoids et obésité | Accident vasculaire cérébral |
Diabète | ||
Maladies cardiovasculaires | ||
Cancer |
Le travail de nuit, un risque pour les femmes
En plus de tous ces potentiels effets, le travail de nuit peut avoir d’autant plus d’impact sur la santé des femmes. Il augmenterait particulièrement le risque de cancer de sein. Ce rythme de travail est à éviter lors de la grossesse ou juste après l’accouchement.
Dans ces cas, les femmes peuvent bénéficier de mesures de protection particulières :
- Affection à un poste de jour
- Suspension du contrat de travail lorsque l’affectation à un poste de jour n’est pas possible. Cette suspension n’entraîne pas de perte de rémunération
L’augmentation du risque d’accident
Les effets avérés du travail de nuit, notamment la somnolence entraine une considérable baisse de vigilance et donc de concentration augmentant ainsi la fréquence ainsi que la gravité des accidents. Les accidents de la route entre le lieu de travail et le domicile se veulent eux aussi accrus.
Les bonnes pratiques pour prévenir les risques du travail de nuit
Pour prévenir les risques, il faut veiller à ce que le travail de nuit reste une mesure exceptionnelle et justifiée. Si le travail de nuit ne peut être évité, il existe des bonnes pratiques pour réduire les conséquences et éviter les états de désynchronisations circadiennes.
Comment agir sur l’organisation du travail de nuit ?
- Veillez à affecter en priorité les salariés volontaires à un poste de nuit. Une personne « lève-tôt » sera plus à l’aise sur un poste du matin et une personne « lève-tard » sur un poste en soirée ou de nuit.
- Engagez les salariés concernés par le travail de nuit à la définition des horaires et des cycles de travail. Veillez notamment à définir des heures de début et de fin de postes compatibles avec les réseaux de transports en commun à proximité.
- Vous pouvez selon la faisabilité adopter une vitesse de rotation rapide des équipes (environ tous les deux ou trois jours). Proposez également un 2 x 8 associé à une équipe de nuit permanente. Si vous optez pour plusieurs équipes, veillez à organiser un temps d’échanges entre les équipes qui se succèdent.
- Planifiez toujours en début de prise de poste les tâches nécessitant les plus fortes attentions.
- Enfin, prévoyez des temps de pauses accrues et présentez les effets favorables de microsiestes !
L’adaptation des horaires de travail
Pour adapter au mieux les horaires de travail de nuit, il faut prendre en compte plusieurs paramètres.
Dans un premier temps, il faut particulièrement veiller à éviter les postes longs d’une durée supérieure à 8 heures consécutives. Dans l’idéal, préférez des temps de travail de 7 heures (7 heures x 5 jours = 35 heures).
Dans un second temps, tentez de repousser au plus possible l’heure de prise de poste de l’équipe suivante au matin. Après 6 heures permet à la seconde équipe de ne pas être considérés travailleurs de nuit et favorise la possibilité aux travailleurs de nuit de s’organiser dans leur vie sociale.
N’oubliez pas d’associer les salariés aux discussions concernant les modalités pratiques des horaires. Il leur permet notamment de conjuguer file professionnelle, sociale et familiale. D’autant plus que l’acceptation des horaires de travail par les salariés constitue un élément protecteur contre les effets négatifs du travail de nuit.
Adaptation des locaux au travail de nuit
On pense beaucoup au salarié, pourtant l’environnement dans lequel il évolue sur ces postes de nuit joue également un rôle essentiel dans leur bien-être (physique et psychique).
- Gérez l’intensité lumineuse entre le début et la fin de poste : de manière générale, optez pour une intensité forte au début puis dégressive.
- Vous pouvez aménager des salles de pauses dédiées (pensez aux microsiestes) !
Le service de santé au travail : un interlocuteur privilégié pour la mise en place du travail de nuit
On n’y pense pas souvent lors de la mise en place du travail de nuit, mais les services de santé, qu’ils soient internes ou externes (médecine du travail) peuvent vous accompagner. Leurs compétences allient connaissance des états de santé des salariés et conditions de travails. Ils peuvent également informer et former sur les risques encourus les collaborateurs sur les risques du travail de nuit, l’hygiène de vie et le sommeil.
Suivi médical
Les travailleurs de nuits sont suivis plus particulièrement par la médecine du travail. Ils font notamment l’objet de mesures spécifiques en matière de suivie médicale :
- Visite d’information et de prévention dès leur affectation
- Suivi spécifique par le service de santé du travail
- Des visites supplémentaires peuvent être demandées par l’employeur ou le salarié si l’état de santé se détériore.